tout d'abord, je tient à préciser que ce texte est extrait de l'excellent site http://www.perliers-art.com mis au point par Suzanne Failles, autour de la perle au chalumeau, je lui vole ces quelques mots pour vous éclairer un peu sur la question:
Le métier de facteur de perles, également appelé Perlier d'Art, consiste en la création de perles en verre au chalumeau.
Voici un rapide tour d'horizon de ce qu'a été et de ce qu'est aujourd'hui la création de perles en verre.
La technique
La
création de perles de verre au chalumeau est une technique apparentée
au verre filé. Le verre sous forme de baguettes est chauffé à la flamme
d'un chalumeau. L'extrémité fond et est déposée sur un support (verre,
mandrin métallique) et étiré en un fil de verre en fusion, d'où le nom
de verre filé.
La
réalisation de perles requiert l'utilisation d'une tige en acier ou en
cuivre, le mandrin, sur laquelle sera déposé le verre. Une fois la
perle refroidie, cette tige est retirée et laisse la place à un trou
qui servira à enfiler la perle.
La plupart du temps une petite
quantité de verre est déposée sur le mandrin pour former un noyau. Un
décor est déposé sur le noyau à l'aide de fines tiges de verre
préparées au préalable.
L'utilisation de baguettes de verre de différentes couleurs, opaques ou
transparents, permet la création de motifs ou d'entrelacs.
Ce processus peut durer de quelques minutes à plus d'une heure, en fonction de la complexité de la perle. D'autres techniques comme le soufflage peuvent également être utilisées.
La perle est finalement placée dans un four de recuisson pour améliorer ses caractéristiques mécaniques.
Certains perliers travaillent encore la perle de verre à froid en la dépolissant ou la taillant.
Historique
Les recherches sur l'histoire de la perle
sont fortement liées à la fouille de sépultures archéologiques. Georges
Dilly, conservateur du musée de Berck-Sur-Mer et archéologue, nous
livre une histoire de la perle ancienne.
Vous pouvez retrouver son article complet ici.
De l'origine au moyen âge
Les
premières perles en verre semblent avoir été fabriquées vers le milieu
du IIIe millénaire av. J.-C., en Mésopotamie (Sumer). Elles suivent les
premiers essais de faïence, nettement antérieurs (vers 4000 av.) et
ceux de vitrification de perles en stéatite.
Le premier objectif fut sans doute d'imiter la turquoise et le lapis-lazuli.
En
Europe Occidentale, les perles en verre les plus anciennes sont datées
de l'âge du bronze, entre -1500 et -1000. Elles apparaissent en Inde
vers -1000 et deux siècles plus tard en Chine.
Le Nouvel
Empire égyptien (plus particulièrement la fin de la XVIIIe dynastie
vers - 1350) est considérée comme la première grande époque de travail
du verre, avec le développement de techniques de plus en plus
élaborées. Les perles en verre commencent à supplanter pierres
précieuses et semi précieuses. Durant cette deuxième moitié de
millénaire, elles apparaissent dans le monde grec (perles mycéniennes à
décor de palmette et en forme de grain de céréale).
Les
Phéniciens et Carthage à partir de -800 vont jouer ensuite un rôle
particulièrement actif, tant au niveau de la création ("eye beads",
"head beads") que de la diffusion dans toute la Méditerranée, leurs
produits pouvant ensuite pénétrer assez loin vers l'intérieur des
terres. Il est vraisemblable que pendant cette même période, les
centres qui s'illustrent dans la production de verre sur noyau (Rhodes,
Chypre) fabriquent également des perles.
A la même époque, la
présence de perles en verre et leur montage original, enfilées sur
l'arc des fibules (broches pour fermer les vêtements), caractérise les
mobiliers funéraires étrusques les plus riches.
L'époque
qui correspond à l'expansion celte (deuxième âge du fer) est aussi
celle de l'expansion romaine. Le goût des celtes pour la couleur les
amène à développer, après le recours à l'incrustation de corail, les
techniques de l'émaillage. Ils affectionnent aussi les parures de verre
(perles et bracelets). Des traces de cette activité ont été identifiées
en Bavière, à Berne en Suisse et Stradonice en Bohême (IIIe - IIe
siècles). C'est à la même période que se perfectionnent les ateliers
hellénistiques (Alexandrie entre autres).
La présence du
verre dans le monde romain est entièrement dépendante du moyen orient.
Il n'existe en Occident que des ateliers secondaires qui refondent une
matière première élaborée sur la côte orientale de la Méditerranée. Le
savoir-faire est aussi importé par des artisans orientaux.
A
l'inverse du monde celte qui adapte la parure de verre, à ses goûts
esthétiques, le monde romain n'engendre pas, en tant que tel, une
production originale. Le modèle le plus caractéristique (perle
godronnée ou "melon bead") survivra à l'empire. Les perles les plus
élaborées relèvent de la tradition orientale (perles mosaïquées) et
peuvent être diffusées sur de longues distances et "collectionnées".
Les
peuples nomades qui provoquent la chute de l'empire apportent avec eux
un goût prononcé pour les parures colorées. Ceci contribue peut être à
l'importance prise dans l'habillement par les perles de verre aux VIe
et VIIe siècles. Au siècle suivant, en application des instructions de
l'Eglise, le mobilier disparaît des sépultures. La vogue des perles de
verre colorées profite, dans les pays scandinaves, du dynamisme
commercial des peuples vikings. Certains sites, comme celui de Ribe au
Danemark, ont livré une quantité considérable d'artefacts liés à la
fabrication des perles, activité tout autant identifiée en Norvège et
en Suède.
Pendant le moyen âge, l'influence religieuse tend à
restreindre l'utilisation des perles à des fins pieuses (chapelets)
tandis que les effets de l'expansion islamique désorganisent les
circuits traditionnels unissant les deux rives de la Méditerranée.
Les
grandes régions productrices de verre tombent sous l'emprise des
musulmans qui désormais commercialisent les perles, de la Mer Rouge à
la côte est de l'Afrique où leurs comptoirs permanents les échangent
contre de l'ivoire et des esclaves.
D'une certaine manière, le verre islamique est l'achèvement de la tradition issue des ateliers syro-égyptiens.
La conquête mongole (prise de Damas en 1501) et la déportation des
artisans, notamment vers Samarcande, mettent un terme, pour certains
centres comme Tyr, à 35 siècles de production quasiment ininterrompue.
De la Renaissance à l'époque industrielle
Les
grandes explorations menées à partir de l'Europe, dès la fin du XVe
siècle, vont engendrer un marché immense, nourri par la demande des
commerçants et des missionnaires. L'attrait exercé par les perles en
verre, sur des populations pour qui ce matériau est inconnu et qui
accordent une importance particulière à la parure (Amérique), va placer
ce produit au cœur des échanges avec le nouveau monde (perles contre
fourrures). Elles vont également inonder l'Afrique dans le cadre du
"commerce" triangulaire (perles contre esclaves - esclaves contre
sucre, tabac et métaux précieux). Venise, où la production de perles
est attestée depuis le XIIIe siècle, est le refuge des artisans
verriers fuyant la conquête ottomane (1453 : chute de Byzance). La
"perla rosetta", seule perle vénitienne à avoir alors été dotée d'un
nom (baptisée par la fille d'Angelo Barovier, Marietta), est produite
durant la seconde moitié du XVe siècle. La canne qui sert à sa
fabrication semble être la seule à n'avoir ensuite jamais cessé d'être
produite.
Après avoir été cantonné, comme le reste des activités verrières à
Murano en raison des risques d'incendie, le travail des perles à la
lampe est autorisé à Venise même, à partir de 1592. Parallèlement, des
vénitiens expatriés développent la production de perles en Bohème,
Moravie et Hollande qui, dès la fin du XVIe siècle, fournit les
comptoirs du sud est de l'Ontario à la Floride. A partir du milieu du XVIIIe siècle, des ateliers français (dont Nevers) travaillent pour
l'Amérique et pour l'Afrique.
Les
techniques antiques, dont celle du millefiori et du verre mosaïqué,
sont retrouvées ou tout au moins remises au goût du jour.
Au XVIIIe
siècle, Venise détient un quasi monopole de la production de perles en
verre. Au début du siècle suivant, l'adoption de procédés mécaniques
permet l'obtention de perles minuscules et calibrées.
Durant les années 1880, l'exportation annuelle vers les USA atteint
presque les trois mille tonnes. L'activité combine le travail à
domicile et l'organisation industrielle. Elle est fortement sollicitée
par la mode parisienne des années folles.
La perle contemporaine
La
tradition de création de perles au chalumeau est restée vivante dans de
nombreux pays depuis le XVIIe siècle, mais elle est longtemps restée
affaire de verriers spécialistes comme à Murano ou même en Afrique.
La
création de perles au chalumeau connaît depuis quelques années un
renouveau, parti des États-Unis. Elle sort de plus en plus de cercles d'initiés même si les techniques du verre nécessitent une certaine
pratique.
Si certains grands noms de la perle contemporaine sont
issus de familles de verriers, on rencontre également des perliers
issus de tous horizons.
La pratique du verre pour la création de perles se croise souvent avec
celle de la sculpture ou de la création de bijoux. Mais être facteur de
perles est une discipline à part entière gràce à laquelle il est
possible de créer des univers immaginaires dans un espace de matière
petit, voire minuscule.
La part de création du perlier est
primordiale. Chaque perle est une sculpture unique, issue de la
dynamique du travail du verre en fusion.